Baby Alexander·Baby Valentina·La vida de Lindanita·You are so beautiful

Le tourbillon de la vie

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J’ai mis de côté ce blog depuis bien trop longtemps. J’ai souvent eu envie de revenir, d’écrire et puis finalement non. Pas parce que je ne voulais pas partager des moments, des envies, des idées avec vous, loin de là. J’ai juste été prise dans un engouement, happée dans une chose toute simple, le tourbillon de la vie.

Le tourbillon de la vie, c’est entendre le réveil sonner. Regarder l’heure qu’il est même si le réveil vient de sonner. Si la nuit a été trop courte ou bien difficile, appuyer sur la touche snooze du réveil pour profiter encore de cette couette si douce qui nous tenu chaud pendant toute la nuit. Ecouter le souffle de Valentina qui dort encore dans son lit à côté du nôtre. Se dire qu’il faudrait quand même songer à se lever pour emmener Alexander à l’école. Allumer la lampe de chevet. Entendre Valentina qui se réveille en douceur (comme tous les jours précédents) en me cherchant du regard. Elle me voit enfin, sourit, me pointe de son petit index interrogateur et sort un petit « nana ». Sa façon bien à elle de dire bonjour. Allumer ensuite la radio, selon les envies, selon les jours. M’habiller. La lever et l’habiller. Rentrer dans la chambre d’Alexander. Ouvrir les rideaux et le laisser se réveiller, lui aussi, en douceur. Le voir se lever dans son lit. Le voir me tendre les bras pour un câlin et pour le préparer pour aller à l’« écowl ». L’aider à s’habiller, l’habiller, ça dépend aussi des jours et des envies. Descendre dans le salon et ouvrir les rideaux. Regarder le temps qu’il fait. Préparer le chocolat chaud à prendre avant de sortir pour le chemin de l’école. Regarder Alexander boire comme un grand devant les dessins animés. Observer Valentina faire du quatre pattes dans le salon. Se préparer pour aller à l’école. Choisir la veste ou le manteau adapté pour sortir. Installer Valentina dans le porte bébé. Donner son sac à dos à Alexander. Aller à l’école. Parler à la maîtresse.

Revenir à la maison. Installer Valentina dans sa chaise haute. Préparer son biberon. La voir applaudir quand le biberon apparaît dans son champ de vision. Avoir à peine le temps de préparer un café et l’entendre réclamer sa cracotte du jour. Prendre enfin le temps de me poser devant mon petit-déjeuner et une série. Le petit-déjeuner terminé, faire un tour sur les réseaux sociaux et ensuite, c’est parti pour la vaisselle et le ménage avec des pauses pour jouer, chanter, danser, consoler, changer ma petite fille qui grandit bien trop vite. La matinée passe trop vite. Préparer le déjeuner. Aller chercher Alexander à l’école. Revenir de l’école. Manger tous ensemble. Remplir le lave-vaisselle pendant qu’Alexander et Valentina retournent le salon en jouant ensemble, comme toujours. Mettre Alexander dans son lit pour une sieste. Ranger le salon de tous les jeux qui traînent pour ne pas marcher sur un playmobil, un lego ou une poupée. Faire dormir Valentina en porte bébé. Aller la mettre elle aussi dans son lit une fois endormie. Préparer un thé et un dessert pour avoir au moins cinq minutes à moi. Terminer l’épisode de la série commencée le matin ou bien en commencer un autre. Lever les enfants. Etre heureuse de voir the Husband rentrer à la maison. Parler de nos journées respectives. Donner le bain aux enfants. Préparer les tenues du lendemain pour que ça aille plus vite le lendemain, justement. Dîner. Mettre les chansons préférées d’Alexander et danser comme des fous, tous les quatre, les rideaux fermés, pour un moment en famille en toute intimité. Coucher Alexander. Coucher Valentina, avec plus de facilité certains jours. Regarder une série ou film, en amoureux. Se coucher. Recommencer comme la veille.

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Et parfois, il y a des journées qui sont différentes, moins ordinaires, spéciales parmi celles du quotidien que j’affectionne tant. Celle où Alexander a de la fièvre et passe sa nuit dans notre lit. Celle où Valentina fait son premier coucou. Celle où Valentina fait son premier quatre pattes, s’assoit et s’applaudit avec un sourire jusqu’aux oreilles. Celle où Alexander revient de l’école et se met à compter jusqu’à cinq en allemand. Celle où the Husband termine enfin les travaux dans les toilettes du rez-de-chaussée, la première pièce terminée de la maison. Celle qui nous permet de célébrer six ans de mariage. Celle où j’ai pu terminer un livre. Celle où j’ai dormi jusqu’à neuf heure, une vraie grasse matinée quand on a des enfants en bas âge. Celle où j’ai connu Marion, une Française vivant elle aussi dans la même ville que moi et nous découvrir tout un tas de points communs, tellement de points communs qu’on pourrait être soeurs. Celle où je suis allée la retrouver en ville pour aller faire du shopping et discuter autour d’un café au starbucks. Celle qui m’a emmené à la clinique pour savoir pourquoi je ne voyais presque plus de l’oeil gauche. Cette même journée où l’on m’a dit que je devais rester plusieurs jours à la clinique. Voir mon monde s’effondrer, moi la casanière. Faire des pieds et des mains pour expliquer en allemand que j’allaite toujours, que j’ai besoin d’un tire lait pour ne pas avoir de souci et ne pas vouloir que mon allaitement tombe à l’eau. Avoir mieux que ça. Pouvoir rester dans une chambre seule, avec ma fille. Pouvoir continuer à l’allaiter. Recevoir des perfusions de cortisone toutes les six heures pendant trois jours. Passer une nuit chez moi, entourée de ma famille. Changer de chambre à la clinique. Changer de station aussi. Passer d’ophtalmologie à neurologie. Avoir une ponction lombaire. Pleurer de fatigue. Pleurer de ras-le-bol. Rentrer pour de bon à la maison. Reprendre les habitudes de tous les jours. Enchaîner les rendez-vous médicaux. Passer trois scanners en un mois. Faire beaucoup de prises de sang. Chercher un neurologue. Après deux mois, avoir une réponse à tous ces examens. Une sclérose en plaques. Ce n’est pas une fin en soi, ce n’est pas joyeux non plus, mais c’est enfin un nom sur ce que j’ai. Ne plus rester dans le flou, au sens propre comme au figuré. Reprendre un rendez-vous chez le neurologue. Parler traitement. Devoir penser lentement mais sûrement à arrêter d’allaiter, le traitement n’étant pas compatible avec un allaitement. Avoir les larmes aux yeux. Ne pas vouloir terminer du jour au lendemain cet allaitement pour lequel je me suis battue. Décider de m’écouter et savoir ce qui est le mieux pour moi, pour elle, pour nous. Finalement accepter la nouvelle. Parce que ce n’est pas en ruminant à cause de la hausse du prix de l’essence, d’un verre cassé, d’un bouton sur le nez ou tout simplement parce qu’il pleut dehors que je vais profiter des miens. Etre émue par le soutien de personnes que je ne connais pas irl lors de l’annonce de la nouvelle. Alors après tout ça, j’ai choisi de profiter de chaque instant et de me laisser happer par le tourbillon de la vie.

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25 réflexions au sujet de « Le tourbillon de la vie »

  1. Bonjour Linda
    Difficile de trouver des mots pour exprimer ce que je ressens en te lisant. Mais je sais une chose ma belle, c’est que tu es une belle personne et une personne courageuse. Continue à vivre ta vie comme si de rien n’était, profite des tiens au maximum et de tous ces petits bonheurs simples de la vie qui s’offrent à toi chaque jour… ta façon à toi de faire un joli pied de nez à cette foutue maladie, en la bravant, en la narguant, tu gagneras le combat… Courage à toi Linda et prépare bien les fêtes de fin d’année qui arrivent à grands pas. J’imagine le regard pétillant de tes deux petits bouts lorsque tu vas mettre le sapin de Noël… Que du bonheur !

  2. Linda,

    Je suis au travail… je découvre ton article et j ai les larmes aux yeux. Tu es une belle personne linda, tu as une magnifique famille dont tu peux être fière . Je souhaiterai conclure mon commentaire ici mais non malheureusement je ne peux passer outre cette saleté qui te tombe dessus et qui est gâche ce beau tableau qu est ta vie. Mais comme tu m’as déjà dit… on vit avec et tu as entièrement raison. Je t’embrasse très fort.

  3. Je suis vraiment désolé de ce qu’il t’arrive. C’est bête de ne pas savoir trouver les bons mots mais je pense que dans ce genre de situation il n’y en a pas. Alors je vais juste de dire de continuer de profiter de ta famille, tes deux beaux enfants et de tous ces petits plaisirs qui caractérisent ta vie. Ne baisse pas les bras.
    Tout mon soutien et plein de bisous!

    Cynthia

  4. Coucou, je suis Mel et atteinte de SEP.
    SEPas facile de vivre avec,
    SEPossible de se faire traiter
    SEPas fameux je reconnais ce diagnostic
    SEPas fichu la Vie.. on fait avec
    SEPas perdu, et si tu veux découvrir mon blog tu es la bienvenue
    Ensemble on peut s’aider et surmonter nos douleurs…
    SEPas formidable???

    des bises de soutien. j’ai eu ton blog grâce à une amie de coeur…
    bisouus à toi et tiens bon !

    1. Merci beaucoup pour ce commentaire Mel. Je ne vis pas la SEP comme une fatalité, C’était écrit quelque part, et puis c’est tout. Et je préfère être suivie plutôt que me sentir mal toute la vie durant sans avoir de diagnostic comme cela arrive souvent pour d’autres patients. Enfin je dis ça maintenant parce que je n’ai pas encore commencé le traitement. On verra bien dans quel état d’esprit je serais après.

      Puis-je te demander qui est cette amie de coeur qui t’a parlé de mon blog?
      Bises et bon week-end!

  5. Quel article émouvant!!
    Ca m’a donné des frissons…
    Prend soin de toi, de tes enfants adorables et de ton cher mari…
    Gros bisous!!Et bravo pour avoir su écrire cet article :)
    Reviens nous plus souvent sur la blogosphère!!

  6. Bon courage Linda pour tout ça, je suis tellement désolée d’apprendre ça… Ton article est vraiment une très belle leçon de vie et d’humanité, et courageux! J’espère que les médecins allemands vont réussir à contenir ça le mieux possible. Des bisous de Paris.

    1. Coucou Geneviève!
      Comment vas-tu? Je préfère avoir un diagnostic de SEP avec un traitement et donc éviter les poussées plutôt que de rester dans le flou. Qui sait, peut-être que je n’en aurais plus jamais :) J’ai un un mari et des enfants formidables, la santé n’est pas à son maximum mais la vie est belle et il faut en profiter!
      Je t’embrasse.

  7. Magnifique reprise du blog. L’article est superbe, touchant et bien écrit. Je te retrouve vraiment dans tous les mots que tu as posés. Une belle personne, qui ne se laisse pas abattre et qui fonce pour ses enfants, sa famille et les jolis moments de la vie.
    Des gros bisous, on se voit dimanche.

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